Christof Loy
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![]() Le premier opéra mis en scène par Christof Loy que nous avons vu était Alcina de Haendel donne à l’Öpernhaus Zürich avec Cecilia Bartoli dans le rôle-titre. Au départ, il y a un ballet baroque avec des danseurs portant des costumes baroques un peu ridicule, mais tout de suite ils sont dérangés par deux personnages en costume contemporains qui trouble le ballet trop parfait et démodé. J’ignorai à l’époque que c’est un peu une des signatures de Christof Loy, il adore le baroque et respecte l’esprit baroque, mais il aime montrer avec a un malin plaisir à quel point le baroque peut devenir ridicule si l’on se contente de faire une reproduction historique que nos esprits modernes auraient du mal à comprendre. Du début à la fin sa direction d’acteur est parfaitement compréhensible, elle exprime naturellement les sentiments complexes des personnages, et met en lumière ce que texte et la musique sous-entendent. Mais il y a un plus, Cupidon qui n’est en principe qu’évoqué dans cet Opéra, sera incarné par une mime. Ce sera un Cupidon féminin, malicieux, frêle et âgé, qui par son regard perçant et son action silencieuse donne une seconde lexture décalée et critique sur l’histoire ! Juste sublime ! Les choix des décors et des costumes sont splendides et soutiennent et nourrissent le rêve éveillé que doit être l’opéra. Nous avons vu 6 fois cette mise en scène, et sommes prêt pour decouvrir la seconde mise en scène que Christof Loy a créée pour Alcina et qui sera donnée fin 2018 à Hambourg |
Alcina avec Cecilia Bartoli à Zürich |
C’est avec la découverte de l’Ariodante (aussi de Haendel) qui a été
donne à Salzburg en 2017, avec dans le rôle-titre une Cecilia Bartoli
en armure et barbue, que nous avons pu mesurer l’étendue du génie de
Christof Loy.
Cette fois avec des décors relativement simples (du moins en apparence) le jeu des acteurs est encore plus mis en avant. Non seulement il respecte chaque mot du texte pour raconter l’histoire dans toute sa justesse, mais les solistes, les chœurs et tous les figurants bougent exactement avec la musique, et même lorsqu’ils ne bougent pas, cela prend à chaque fois un véritable sens dans l’action ! Mieux les ballets ne sont pas
coupés, et ici ils ne donnent pas du tout l’impression d’être des
pièces rapportées, elles font partie intégrante de l’action ! Lorsque
la jeune Ginevra est éconduite et devient folle parce qu’elle ne peut
pas comprendre pourquoi Ariodante la rejette subitement, au lieu de
tirer pudiquement le rideau, le ballet commence, Christophe Dumaux (qui
joue le rôle du méchant Polinesso) arrive méconnaissable, transfiguré
en une sorte de Nosferatus qui essaie de la séduire, soudain des
danseurs bondissent sur eux comme des démons pour les dévorer, la
magnifique musique contraste avec les images infernales, c’est une
folie absolument saisissante !.
Encore une fois il y a quelque chose de décalé dans la mise en scène, Ariodante-Cecilia qui est un homme au début de l’action, a partir du moment où sa promise devient folle, est aussi atteint par cette folie et petit à petit se transforme, pour finir l’Opéra en femme. Simultanément sa promise fait le chemin en sens inverse et devient progressivement un homme ! Ce double changement de sexe se fait avec un naturel et une évidence surprenante, à tel point qu’il nous a fallu plusieurs minutes pour réaliser qu’à un moment du dernier acte Cecilia chantait et n’avait plus de barbe… |
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J’ai failli oublier, au premier acte, avant que tout ne s’effondre suite au complot ourdît par Polinesso, Le Rois ordonne les préparatifs du mariage de sa fille Ginevre avec Ariodante, pendant qu’il chante son aria joyeux, tous les membres de la cours se regroupent doucement autour de lui, et vers la fin de l’aria, on comprend tout à coup que ce groupe coloré forme en fait une immense et monstrueuse porcelaine de Meissen ![]() Ariodante juste avant l'apparition de la porcelaine de Meisen
Nous avons hâte de revoir cet Opéra en 2019 à Monaco avec le même plateau et la même mise en scène. Et nous sommes persuadé que les mises en scènes de Christof Loy aussi complexes et subtiles qu’elles peuvent être, son idéales pour les personnes qui souhaitent decouvrir ce qu’est réellement un Opéra : L’Opéra est une sorte de rêve collectif auquel participent les chanteurs, les musiciens le chef d’orchestre, le metteur en scène, le compositeur, le librettiste, et même le public. Et chacun arrive dans la salle obscure chargé des derniers évènements de sa propre vie, c’est pourquoi le rêve change obligatoirement à chaque représentation ! C’est Cupidon qui nous a appris cela. |
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