L'acoustique des salles
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L’importance de l’acoustique des salles de concert
En concert, avec la
musique purement acoustique, comme la musique classique, c’est une
autre gageure, seule l’acoustique du lieu pourra porter avec plus ou
moins de bonheur la musique aux oreilles des spectateurs. De plus, le
chef d’orchestre comme les musiciens doivent absolument entendre ce que
jouent leurs partenaires, ce qui nécessite aussi un bon retour du son
au niveau la scène elle-même. Une salle de concert a toujours besoin
d’un son riche, volumineux et précis avec une réverbération latérale
prépondérante, et si possible une bonne vue de la scène depuis toutes
les places. L’acoustique devient alors un élément essentiel de la
musique et du concert ! Un peu d’histoire (et de science)
De tout temps la conception d’une salle dédiée à la musique reste un savant compromis et un défi pour un architecte.
Pour amplifier un son, les Grecs se servaient déjà des propriétés physiques des matériaux, de la connaissance qu'ils avaient acquise sur les phénomènes de résorption et de réfraction des sons, et construisaient des théâtres et amphithéâtres en leur donnant une forme particulière. Ainsi, Leurs amphithéâtres avaient une acoustique très étudiée mais n’étaient pas couvert ce qui simplifiait considérablement les problèmes acoustiques. Le théâtre d'Épidaure est ainsi un témoin de l'avancement des connaissances des grecs en acoustique dès le IVe siècle av. J.-C.
Le théâtre d'Épidaure
En exemple je donne les arènes de Vérone qui sont le prototype du théâtre antique redevenu au XXème un lieu de spectacle.
Ce domaine de connaissance restera très longtemps entièrement empirique, basé sur l'expérience des architectes développée par de nombreux essais aboutissant parfois à des échecs, parfois à de grandes réussites pouvant ensuite servir de modèle pour les salles suivantes. Mais l’acoustique est fortement liée au genre de musique. Par exemple les chants grégoriens sont adaptés au temps de réverbération très longs des églises romanes (entre 5 et 10 secs.). Ce temps de réverbération long permet une superposition des notes qui produit des harmonies qui n’existeraient pas autrement dans les chants grégoriens. L’exemple inverse, avec la musique baroque, les tempos sont très rapides, le chant et les instruments se combinent d’une façon très complexe. Dans cette musique chaque détail est important et aucune portion ne devrait en masquer une autre. Ce genre de musique doit être joué dans des salles un peu plus petites (comme la salle de bal rectangulaire d’un palais) avec temps de réverbération de l’ordre de 1.5 à 2 secondes. Il est impossible de jouer cette musique dans une cathédrale sans perte importante de son intelligibilité. C’est au 18e siècle, avec la montée en puissance de la bourgeoisie qui souhaitait aussi accéder à la musique, que l’on a commencé à construire les grandes salles de concert pouvant accueillir un public important. Dans un premier temps les architectes, pour éviter de mauvaises surprises acoustiques, ont choisi de copier, en les agrandissant, les salons de musiques les plus réputées des palais royaux européens. Nous arrivons à la fin du 19e siècle, l’orchestre symphonique a considérablement augmenté son effectif en passant d’une trentaine de musiciens du temps de Mozart à plus d’une centaine avec Verdi. Avec l’amélioration de la performance des instruments cela a permis d’augmenter la taille des salles et d’accueillir un nombre croissant de spectateurs. La musique devient expressive, et avec les sentiments romantiques, elle devient plus émotionnelle. Les temps de réverbération les plus adaptés sont à nouveau un peu plus longs, (entre 2 et 3 secs) afin de baigner les auditeurs dans une « masse sonore » favorisant les « mouvements d’âme » si chers aux romantiques. Il devient alors très vitre évident qu’il y a une limite aux dimensions maximale d’une bonne salle de concert. Plus elle devient immense, plus elle risque d’avoir un temps de réverbération trop long, ou pire encore, un écho qui perturbe l’intelligibilité du son. Et la puissance d’un orchestre symphonique n’est pas extensible, et il reste aussi souhaitable de pouvoir écouter du Mozart sur instrument d’époque dans toute salle de concert. C'est en 1900 que le physicien américain Wallace Clément Sabine publie l'article 'Réverbération' qui pose les bases de l'acoustique des salles. Lorsqu’un son est émis dans une salle, les ondes sonores se réfléchissent sur ses parois pour parvenir à l’auditeur avec un retard, par rapport à l'onde directe, proportionnel à la distance parcourue. Il résulte de ces multiples réflexions un son continu dont l’amplitude décroît plus ou moins rapidement, c’est cela que l’on appelle la réverbération. Le temps de réverbération est défini par Sabine comme la durée nécessaire pour que l’intensité sonore atteigne un millionième de sa valeur initiale (ce qui correspond à une décroissance de 60 dB) et devient inaudible. Il a aussi inventé une méthode de calcul permettant d’évaluer avec une précision acceptable ce temps de réverbération en fonction du volume de la salle et des matériaux recouvrant toutes ses surfaces. Sabine était cependant déjà conscient que la durée de réverbération n’est pas suffisante pour décrire toutes les qualités acoustiques d’une salle. C’est seulement à la fin du XXe siècle, qu’à partir de toutes les connaissances accumulées, l’acousticien Leo L. Beranek a dressé une liste de sept qualités nécessaires pour qu'une salle de concert soit bien adaptée :
Les principales familles de salles de concerts
La plus ancienne est le théâtre à l’italienne:
et comme son nom
l’indique, il n’est pas conçu a priori pour la musique. En général la
visibilité est bonne si l’on évite les côtés des balcons et le loges,
mais l’acoustique est trop matte pour la musique, le temps de
réverbération plutôt court est généralement mieux adapte à la parole,
mais il y a des exceptions. L’Opéra
Royal de Versailles est un exemple de « petite » taille avec une
très bonne acoustique, et l’opéra
de Zurich ou le Theatro alla
Scala de Milano sont des exemples de grandes salles ou l’acoustique
est encore relativement bonne celons l'endroit où vous êtes assis.
Les salles parallèlipédique en forme de « boîte à chaussures »
Aux XVIIIe et XIVe siècles on construit un peu partout des salles dédiées à la musique, leur forme en « boîte à chaussures » avec une largeur réduite par rapport à leur longueur permet de multiplier les réflexions acoustiques précoces latérales, ce qui est censé apporter une bonne clarté acoustique. Mais avec des volumes de plus en plus ambitieux la durée de la réverbération s’allonge trop et le son devient de plus en plus confus lorsque l’on s’éloigne de l’orchestre. Pour ce qui est de la visibilité, leur sol généralement plat ne permet qu’aux premières rangées du public de voir correctement la scène. Les exemples (réussis) que je propose sont, le Stadtcasino de Basel et le Victoria Hall de Genève.
On retrouve exactement les mêmes problèmes, réverbération trop longue, son confus, manque de visibilité, dans la plupart des églises de grande taille avec pour exemple le Dom se Salzburg il vaut mieux être dans les dix premiers rangs pour profiter de la musique.
Les salles en « éventail »
La révolution des salles « en vignoble »
Avec la construction de la Philharmonie de Berlin de 1961 à 1963
l’architecte Hans Scharoun et l’acousticien Lothar Cremer inventent
la salle en « vignoble », ou le public est installé sur plusieurs
terrasses, légèrement inclinées, entourant le chef et son orchestre.
C’est une nouvelle manière d’appréhender la scène ou le public se
trouve le
plus près possible des musiciens, tout en optimisant l’utilisation du
volume de la salle. C’est aussi la première salle capable de recevoir
2500 spectateurs ou chacun peut profiter pleinement de la perfection
musicale de l’orchestre fabuleux qu'est le Philharmonique de Berlin.
Les salles d’aujourd’hui
Depuis les méthodes de
calcul se sont affinées, et des programmes de simulation acoustique
prétendent calculer les caractéristiques sonores des salles de
concerts, mais cela reste très insuffisant pour réussir l’acoustique
parfaite ! Les architectes font donc toujours construire une maquette
de
grande taille pour faire des mesures réelles et corriger avant la
construction ce que les programmes n’ont pas su prévoir. Et pour finir
une nouvelle série de mesure dans le local achevé permettra de déceler
d’éventuels défauts résiduels qu’il faudra encore essayer de corriger
avant l’inauguration.
Une "bonne salle" (acoustiquement parlant) doit toujours être bien pensée avant le début de sa construction; parce qu’il est impossible de transformer une salle mal conçue en une salle acoustiquement parfaite !
Brigitte Métra, architecte aux
Ateliers Jean Nouvel explique le concept de la grande salle symphonique
modulable de 2 400 places assises en ces termes «Ce volume fluide tout
en courbes enveloppe littéralement son public, suspendu dans la lumière
depuis de longs balcons flottants rétractables», Son format est inédit
puisqu'il conjugue celui de la «Shoe box» et du «vignoble», déclinés
par Jean Nouvel à Lucerne (1998) et à Copenhague (2008). Murs de rubans
disposés derrière le public, canopée (réglable)
![]() Maquette et concepteurs
de la
Philharmonie de Paris
Pour
des
informations plus détaillées sur l’acoustique et l’aménagement d’un
local en home cinéma, ou pour écouter correctement les musiques chez
soi, rendez-vous
sur mon site Home
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